Laurent Lachkar
21 Apr
21Apr

La levée de fonds 

La levée de fonds est la recherche de financement auprès d’investisseurs, qu’ils soient des particuliers, des professionnels ou des institutions. En contrepartie de ce financement, ces investisseurs vont recevoir des parts de l’entreprise et vont désormais détenir une partie de la capitalisation de la startup.

Pourquoi ces investisseurs auraient intérêts à financer des startups ? 

Leur objectif est de réaliser une plus-value sur la revente des actions à long terme. Ils réalisent donc un pari sur l’avenir en misant sur un projet qui va leur sembler prometteur. Un investisseur a donc pour objectif de voir la valorisation de la startup augmenter fortement. Il aura la possibilité de revendre ses actions lors des nouvelles levées de fonds, ou quand une startup va entrer en bourse. Idéalement, l'investisseur espère que la startup devienne une licorne, c'est-à-dire qu'elle soit valorisée à un milliard de dollars. Et dans ce cas, c'est le jackpot pour lui.

Certains investisseurs sont spécialisés dans le financement des start-ups. On les appelle VC ou Venture Capitalist. En plus de contribuer au capital, ils prodiguent généralement de nombreux conseils au fondateur ou à l’équipe dirigeante. Les conseils peuvent porter sur la structuration des équipes, sur le Business Plan, sur le plan de croissance…

Attention à ne pas confondre une levée de fonds et un financement bancaire. Ce dernier est un prêt réalisé par un organisme bancaire et qui devra être remboursé par la startup en question. Lors d’une levée de fonds, le financement est obtenu en contrepartie des actions qui sont vendues aux investisseurs.

Quelles sont les types de levées de fonds ?

On peut déjà définir deux grands types de levées de fonds : le capital d’amorçage et le capital de développement.

Le capital d’amorçage 

Le capital d’amorçage a pour but de lancer le projet, l’activité de l’entreprise ou un produit. Par exemple, il peut permettre de recruter une première équipe de développeurs dans le but de réaliser un MVP du produit en question.

Les montants levés à ce stade ne dépassent que rarement le million d'euros.

Le capital de développement

Le capital de développement, lui, permet de stimuler la croissance d’une entreprise. Il peut permettre d’améliorer le produit déjà existant ou bien s’étendre sur de nouveaux marchés. On peut par exemple recruter une équipe de commerciaux qui auront pour but d’ouvrir la croissance sur le marché européen.

Pré-Seed, Seed, Série A, Série B, Série C : Qu'est-ce que c'est ?

Dans l’actualité, on va également parler de “séries”.

En effet, on va associer une levée fonds à un nom de série : Pré-Seed, Seed, Série A, Série B, Série C, etc.

Les levées de fonds en Pré-Seed et Seed sont dans la catégorie vue précédemment des capitaux d'amorçage. En Série A, B, C, etc, nous sommes dans les capitaux de développement.

La levée de fonds en pré-seed

Le Pré-Seed correspond exactement au capital d’amorçage. C’est une levée de fonds qui permet donc de financer l’ensemble des actions nécessaires au lancement d’un projet.

Les montants concernés n’excèdent que rarement les milliers d’euros. En effet, la valorisation de l’entreprise est très faible à ce stade. Pour lever des fonds, il faut vendre des actions. Financer un montant élevé revient donc à vendre une très grande partie des parts de la société.

A cette étape là, pour pouvoir attirer des investisseurs, il est nécessaire que le Business Plan soit robuste (étude de marché précise, besoins et clients identifiés)

La levée de fonds en Seed

Cette levée, également appelée premier tour de table, rentre encore dans la catégorie des capitaux d’amorçage.

A ce stade, une première version du produit est déjà disponible. L’idée est ici de finaliser les derniers aspects de conception et d’aller chercher les premiers clients. Les montants levés en seed n'excèdent généralement pas le million d'euros.

La levée de fonds en série A

A partir de la série A, on rentre dans les capitaux de développement. La start-up entre dans une phase de croissance et commence à devenir une scaleup.

L’entreprise a déjà démontré que le produit développé représentait un intérêt fort pour le marché. Elle génère déjà du chiffre d’affaires et cherche désormais à s’étendre.

Un montant compris entre 1 million et 5 millions d'euros lors d’une série A lui permettra d’aller conquérir son marché.

La levée de fonds en série B

A ce stade, le business model de l’entreprise fonctionne. L’objectif est de poursuivre une croissance déjà bien entamée. L’expansion à l’international est souvent un des sujets majeurs pour les startups qui entrent dans une nouvelle levée de fonds de série B.

Sorare, la start-up développant une plateforme d'échange de NFT autour du football a réalisé la plus grosse levée de la French Tech en collectant 680 millions de dollars, soit environ 580 millions d'euros, lors d'un tour de table en série B. C'est actuellement le record en France (toutes séries confondues).

La levée de fonds en série C (et au-delà : D, E…)

On continue dans la croissance, avec des ambitions toujours plus grandes !

C’est ici que les montants levés sont les plus élevés. Ces financements peuvent même permettre à réaliser des opérations de rachats de concurrents ou d’autres entreprises sur des intégrations verticales ou horizontales. Les concurrents peuvent être rachetés sur des marchés déjà investis par l’entreprise ou à l’étranger dans d’autres pays.

On peut poursuivre, après une série C, avec des nouvelles séries D, E, etc. C'est souvent lors de ces étapes-là que les startups deviennent des licornes. En effet, les montants levés permettent de valoriser ces entreprises, et donc d'estimer qu'elles sont bien atteint de le milliard de dollars de valorisation.

Au-delà du financement, l’annonce de ces montants levés est un véritable coup de communication pour la start-up, qui fait généralement les gros titres des journaux.

Faut-il lever des fonds pour être une start-up ?

Une levée de fonds n’est évidemment pas un passage obligatoire pour toutes les startups. Bien que beaucoup considèrent que les levées font partie des étapes indispensables de la vie d'une startup, certaines préfèrent “bootstrapper”, c'est-à-dire construire une entreprise sur la base des investissements personnels des fondateurs et/ou des revenus générés par l’activité de l’entreprise.

Plusieurs raisons peuvent pousser un fondateur ou un entrepreneur à s’affranchir de financements dilutifs :

- Lever des fonds est une activité chronophage et longue : la charge de travail estimée est d'une personne à temps plein pendant une durée de 6 mois à 1 an. Pour un entrepreneur ou un fondateur, le risque est important car il a désormais moins de temps à consacrer à l'amélioration de son produit, au développement du business, à la gestion des équipes, etc.

- Lever des fonds, c’est perdre des marges de manœuvre dans l’entreprise au profit des investisseurs. Nous avons pu observer chez nos clients que les fonds d’investissement interviennent même dans le recrutement des équipes !

- Lever des fonds, c’est mettre de la pression sur les équipes pour satisfaire les objectifs de rentabilité des investisseurs. Cela peut induire des bouleversements très forts au sein d’une entreprise (l’hypercroissance par exemple) et faire perdre la maîtrise des évènements.

Enfin, les entrepreneurs donnent parfois le conseil d’éviter les levées de fonds dans les stades peu avancés pour pouvoir négocier de meilleures conditions directement sur des séries A ou B. Avec un projet déjà bien avancé, la start-up est en position pour négocier des financements plus importants, sans avoir à trop diluer les actions.

Les étapes de la levée de fonds

Faire une levée de fonds est une opération qui demande du temps, il faut généralement compter entre 6 et 9 mois entre le départ et l’aboutissement. Cette durée s’explique par la succession d’étapes qui seront nécessaires pour procéder à une levée de fonds, et par le temps qu’il conviendra d’accorder à chacune de ces étapes. 

Les grandes étapes d'une opération de levée de fonds :

L’estimation du montant à lever

Le point de départ d’une levée de fonds correspond au besoin de trouver des financements pour poursuivre le développement de l’entreprise. Par rapport à cela, la première question qui se pose logiquement est la suivante : quel est le montant à lever ?

Pour accomplir cette étape, il convient de s’appuyer sur le business plan et de réaliser une projection sur les besoins de trésorerie pendant les deux prochaines années au minimum. Il faut budgétiser toutes les dépenses prévues pour accomplir les prochaines étapes prévues pour le développement de l’entreprise (recherche et développement, recrutements, acquisition clients, ouverture de points de vente…), puis estimer le financement qu’il sera nécessaire de mobiliser.

Les projections réalisées dans le business plan permettent donc d’estimer le montant à lever. Compte tenu du temps moyen à prévoir pour réaliser une levée de fonds (6 à 9 mois), il faut chercher un financement sur une période de 24 mois idéalement. Sinon, l’entreprise sera systématiquement en recherche de fonds.

La valorisation du projet ou de la start-up

La seconde étape, qui est très importante également, correspond à la valorisation du projet (si l’entreprise n’est pas encore créée) ou de la start-up. L’enjeu est important, car la relation entre le montant à lever et la valorisation déterminera l’ampleur de la prise de participation des investisseurs.

La tâche est complexe, étant donné que les méthodes habituelles de valorisation sont plutôt réservées aux entreprises traditionnelles. En effet, on ne peut pas estimer la valeur d’une nouvelle start-up sur la base de son chiffre d’affaires, sur ses trois derniers bilans ou par une approche comparative.

La valorisation dépendra ici de multiples facteurs : stade d’avancement de la start-up, produit ou service développé, degré d’innovation, positionnement par rapport aux concurrents, taille du marché ciblé, perspectives de revenus. Un investisseur a pour objectif de réaliser une plus-value grâce à son investissement. La difficulté consiste à trouver le juste milieu :

- Si la valorisation est trop élevée, il ne s’engagera pas, car il ne pourra pas atteindre son objectif.

- Si la valorisation est trop faible, les fondateurs subiront une dilution trop importante.

La préparation (business plan, pitch et executive summary) 

Avant de se lancer dans la recherche d’investisseurs, il est nécessaire de préparer plusieurs documents : le business plan, le pitch et l’executive summary. Pour être réussi, ces documents doivent respecter certains standards et être construit en vue d’atteindre leur objectif.

Le business plan

Ce document correspond au plan du projet et comporte souvent plus d’une vingtaine de pages. Il permet d’expliquer concrètement en quoi consiste le projet et sur quelles hypothèses il s’appuie.

Le business plan se termine par une étude financière (le prévisionnel financier), qui comporte notamment un compte de résultat, un plan de financement et un budget mensuel de trésorerie.

Objectif du business plan : présenter en détail le projet pour les investisseurs intéressés qui veulent en savoir plus sur le projet.

Le pitch

Ce second document est une présentation rapide du projet qui sera utilisé lors de la première rencontre avec un investisseur. Il regroupe les informations essentielles sur le projet pour donner envie aux investisseurs d’en savoir plus. Avant d’analyser le business plan en détail, un investisseur s’intéresse au pitch (et à sa présentation). Un pitch doit :

- faire une dizaine de pages environ,

- être construit sous forme de slides,

- pouvoir être présenté en quelques minutes.

Objectif du pitch : support de présentation du projet lors du premier échange avec les investisseurs.

L’executive summary

Ce dernier document correspond à une synthèse du business plan et du pitch. Il tient sur une seule page ou deuxmaximum. L’executive summary reprend tous les éléments clé du business plan et sert à séduire des investisseurs. Logiquement, il est plus simple de rédiger ce document après avoir élaboré le business plan et le pitch.

Objectif de l’executive summary : se faire inviter par les investisseurs à pitcher le projet.

La recherche d’investisseurs et les échanges

Lorsque les premiers éléments sont préparés : business plan, pitch, executive summary, valorisation de la start-up ou du projet et estimation du montant à lever, les fondateurs peuvent démarrer leur recherche d’investisseurs.

Tout d’abord, il est nécessaire de cibler les investisseurs à solliciter en établissant leur profil. Les investisseurs sont notamment classés :

- Par types, en fonction du montant à lever et du stade d’avancement de l’entreprise;

- Par secteur d’activité, en fonction des centres d’intérêts des investisseurs ;

- Par objectif : simplement d’investir en vue de réaliser une plus-value, ou d’apporter également une contribution supplémentaire au projet (apport de compétences, apport d’un réseau, aide dans le pilotage du projet…).

Une fois que le profil de l’investisseur adéquat est dressé, les fondateurs devront mener leur recherche et prendre contact. La plupart du temps, un investisseur explique sur son site internet la procédure à suivre pour postuler.

Si un investisseur est intéressé, un premier rendez-vous sera proposé pour pitcher le projet (présentation rapide), et éventuellement pour avoir ensuite une séance de questions-réponses auxquelles il faut se préparer. Ensuite, plusieurs autres rendez-vous pourront se succéder pour approfondir les échanges. L’investisseur convaincu confirmera son intérêt dans une lettre d’intention.

La lettre d’intention et la due diligence

La lettre d’intention est un document dans lequel un investisseur confirme son intérêt pour financer la start-up ou le projet. Dans cette lettre, on retrouve les principaux éléments clés de l’opération : montant de l’investissement, titres émis en contrepartie, calendrier des prochaines étapes, changement prévu au niveau de l’organisation de l’entreprise après la levée… Toutefois, même si une lettre d’intention est un engagement, rien n’est gagné d’avance. Une lettre d’intention comporte un certain nombre de conditions qui permettront à l’investisseur de retirer son engagement si elles ne sont pas remplies.

Pour déterminer si ces conditions sont satisfaites, une lourde procédure va commencer : la due diligence. Dans cette étape, l’investisseur réalise (ou fait réaliser par un cabinet) un audit complet de l’entreprise. Les vérifications porteront sur de nombreux sujets : aspects juridiques, technologie, comptabilité… Si l’audit se déroule bien, les parties passeront aux négociations.

Les négociations et le closing

La phase de négociation est l’étape durant laquelle vont se mettre d’accord sur les détails de l’opération. Ici, les parties devront trouver un accord qui impliquera généralement des concessions de chaque côté car :

- un investisseur veut sécuriser son investissement, réaliser une plus-value et avoir un mot à dire dans certaines décisions importantes.

- un fondateur veut éviter une dilution trop importante, pouvoir continuer à prendre des décisions librement et à limiter ses engagements envers les investisseurs.

Lorsque l’accord entre les fondateurs et les investisseurs est trouvé, ils pourront procéder à sa retranscription juridique (adaptation des statuts, pacte d’actionnaire) et à la signature des documents : le closing.

Une fois que tous les documents sont signés entre les parties, l’opération se concrétise enfin et les fonds seront versés sur le compte de la société. Une nouvelle étape de la vie de l’entreprise début alors, avec de nouveaux associés qui se joignent aux fondateurs.

Une levée de fonds est un processus long et parfois difficile. Il est donc essentiel de se faire assister et conseiller par un professionnel du secteur.

Notre équipe est à votre disposition pour vous accompagner et mettre en oeuvre tout son savoir-faire et ses compétences en la matière afin de faire aboutir votre projet et de lever les fonds nécessaires à son développement.

N'hésitez pas à nous solliciter.

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